Evolution logique : La plateforme de «crowdfounding» est devenue un réflexe pour quiconque cherche à valider une idée.
Sur le quai de la gare de Palo Alto, à une petite encablure de Stanford, le lycéen interpelle les badauds sans se
fatiguer. Il essaie de réunir des fonds pour financer l'équipe de basket-ball de son établissement. «Toute contribution aide», assure-t-il à l'envi. Le manège de l'adolescent est familier. À une exception près: le chaland qui croit éconduire son interlocuteur d'un vulgaire «je n'ai pas de monnaie» se voit désormais répliquer du tac au tac: «Ce n'est pas grave, vous pouvez nous trouver sur Kickstarter.»
Mais derrière les chiffres, c'est son omniprésence à divers niveaux de la société qui est stupéfiante. Kickstarter, Indiegogo et leurs pairs sont devenus une pièce maîtresse de l'écosystème entrepreneurial et artistique outre-Atlantique. Un réflexe vers lequel on se tourne pour faire exister une idée ou simplement éprouver la validité d'un concept. Pas une conversation autour d'un projet ou d'une idée qui ne semble se terminer par un routinier: «Tu devrais lancer une campagne Kickstarter»…
Fin novembre, la foire Makers Mart réunissait ainsi une cinquantaine de créateurs et artistes à San Francisco. Nombre d'entre eux avaient financé l'envol de leur entreprise grâce à Kickstarter ou une autre plateforme de crowdfunding. Au milieu de bijoutiers et ébénistes, se trouvaient aussi les fondateurs de Sugarcube, un gadget qui se branche sur un écran de télévision comme on fiche une clé USB dans un ordinateur et qui permet d'y diffuser les contenus stockés sur un autre appareil - photos d'un smartphone, films d'un ordinateur, etc. Sri Gogineni, le fondateur et DG de la start-up qui développe Sugarcube, invitait à cette occasion les utilisateurs à précommander son produit pour 99 dollars, en attendant sa commercialisation à l'été 2014 pour 299 dollars. Par ce mécanisme, il obtient des fonds qui permettent de payer le développement de son prototype, tout en nouant des liens avec une communauté de consommateurs «early adopters», précieux soutiens futurs. En effet, leurs retours d'expérience permettront de faire évoluer le produit avant de le mettre entre les mains d'un plus grand public. Ils sont dotés d'un a priori favorable doublé d'une envie réelle de participer à l'amélioration du produit soutenu. Aux yeux de certains, Kickstarter est presque moins un outil de financement qu'un moyen d'accéder à une communauté de premiers clients.
Développer des prototypes
La dimension financière reste toutefois essentielle. En effet, alors que l'innovation se déplace peu à peu du logiciel au matériel - du mouvement des «makers» à l'essor de l'impression 3D en passant par la multiplication des objets connectés, le rôle de ces plateformes de financement participatif devient plus important. Ces fonds permettent de pré-financer le développement d'un prototype, quand les investisseurs plus conventionnels veulent d'abord voir avant de croire. Avec nombre de petits investisseurs pour les soutenir dans leurs premiers pas, les entrepreneurs promettent ainsi aux plus gros investisseurs de réduire leurs risques.
Enfin, Kickstarter permet de réaliser ce «rapid prototyping» si cher à l'économie de la Silicon Valley. Avoir une idée n'a que peu d'intérêt ici si elle n'est pas mise en œuvre et passée à l'épreuve du marché. Grâce à ces plateformes, de petits budgets peuvent être rassemblés pour tester une idée rapidement et la faire évoluer avant que de trop grands budgets y soient associés. Une agilité essentielle pour qui veut espérer innover.Sources Le Figaro - Marie-Christine BEUTH - 09/12/2013
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